Il y a une dizaine de jours, nous avons décidé d’aller en famille découvrir de plus près l’un des emblèmes de la Suisse : le fameux couteau multi-lames que l’on appelle couteau suisse.
C’est donc à Delémont, dans le Jura Suisse, que nous nous sommes rendus, à une heure de Belfort, pour aller visiter l’usine Wenger, l’un des deux gros fabricants de couteaux suisses, l’autre étant Victorinox, auquel Wenger appartient en fait depuis quelques années.
Rendez-vous avait été pris le matin même par téléphone pour une visite guidée mais nous étions un peu en avance et avons donc commencé à regarder la gamme présentée…
Mais voilà notre hôtesse, qui nous distribue des badges et commence la visite avec la projection d’un petit film d’introduction, avant de nous diriger entre deux lignes jaunes au travers de l’usine. Les photos étaient interdites et c’est bien dommage mais nous avons gardé de cette visite une impression unanime : l’amour du travail bien fait !
Tout commence avec de longues bandes de métal dans lesquelles les lames sont découpées, un peu comme à l’emporte-pièce. Pour lisser la découpe et ébavurer ce qui dépasse, les lames tournent ensuite avec des pierres en céramique puis elles sont cuites à haute température. Entre chaque opération, les lames sont lavées et séchées. Mais de nombreuses autres étapes attendent encore les lames, aiguisage, qui consiste à enlever de la matière pour rendre la lame mince, affilage, pour donner au fil tout son tranchant, feutrage, polissage, pour parfaire l’aspect brillant, sans oublier le coulage du manche autour de la lame (pour les couteaux de cuisine), l’assemblage des lames et des platines, pour les couteaux de poche, les nombreuses opérations de vérification et bien sûr, l’emballage.
J’ai toujours aimé visiter des usines et voir chaque spécialiste à son poste, répétant le même geste dans un souci de perfection, et cette usine de coutellerie ne dérogeait pas à cette règle, même si je plaignais un peu ces hommes qui avaient presque tous le bout des doigts protégés de pansements !
La personne qui nous a le plus bluffés a été le redresseur de couteaux de cuisine ! A la cuisson, les grandes lames ont en effet tendance à s’incurver légèrement et une personne s’occupe de redresser chaque lame, en la coinçant dans une fente et en tirant dessus, juste ce qu’il faut, avant de vérifier son travail à l’œil et de passer à la lame suivante ! Époustouflant !
Mais que dire de cet autre ouvrier qui ouvre chacune des pièces des couteaux multi-outils, pour en vérifier le bon fonctionnement, sans oublier d’essuyer la plus grande lame d’un geste précis de son torchon avant de la replier avec les autres.
Des côtes en plastique, qui habillent les côtés des couteaux, aux lames de toutes tailles, tout est fabriqué sur place. Tout ? Non, pas exactement ! Les Suisses ont laissé une chose à l’expertise de la fabrication française : le tire-bouchon ! 😀
La visite se termine par le magasin d’usine où nous n’avons pas résisté au plaisir de nous offrir un objet qui va devenir collector, car la marque Wenger disparaitra définitivement des couteaux en 2014 au profit de Victorinox. Les filles ont choisi le couteau de poche coupe-ongles, indispensable dans un sac à mains 😀 et les hommes sont repartis avec un couteau plus masculin, le Ranger, équipé d’une grande lame… et du tire-bouchon !
Si vous vous sentez l’âme d’un collectionneur, vous craquerez peut-être pour ce magnifique couteau, un peu grand pour mettre dans la poche mais à coup sûr utile en toutes occasions ! Seul bémol, le prix : 1.200 euros !
Enfin, si la visite vous tente, sachez qu’elle est gratuite, possible tous les jours du lundi au vendredi (hors congés d’été) et qu’il suffit de passer un coup de fil pour réserver (+41 (0) 32 421 39 00).
6 Comments
Yves
Tu t’es pas encore équipé d’une camera espion, que tu pourrais cacher dans tes lunettes ?
Beau produit !
Bises
Yves
Rachel
C’est dommage que l’usine craigne l’espionnage industriel et interdise les photos. Par contre, notre guide était d’une gentillesse formidable et répondait volontiers à nos questions. Alors j’ai sorti le calepin et j’ai pris des notes ! 😉
Rachel
J’aimerais prochainement aller visiter une usine d’horlogerie, spécialité du Jura également. Mais les week-ends se remplissent à une vitesse folle et il va falloir penser à en garder un peu pour remettre le jardin en état après l’hiver !
Bisous Pascale 🙂
Pascale Marchal Koop
Moi aussi j’adore visiter les usines.
Et quand on a la chance de voir travailler des ouvriers qui aiment leur travail!
Le couteau suisse est aussi un accessoire de mon sac à main,vraiment utile.
Bisous.
Pascale
Blast
Bonjour,
Les pansements dont vous parlez, sont en fait des “doigtés” !
Ce sont des protection au bout des doigts touchant les lames afin de ne pas laisser de traces digitales sur l’inox.
Comme des petits préservatifs au bout des doigts. Si vous visitez une usine d’horlogerie, vous pourrez observer ceci également sur les mains des collaboratrices aux contrôles finales.
Sachez en passant que les blessures chez Wenger ne sont pas plus élevées quand dans n’importe quels autres domaines industriels.
Signé par un fournisseur de chez Wenger !!
À bientôt dans le Jura suisse!
Rachel
Merci pour ces précisions (même s’il y avait bien aussi de “vrais” pansements et que certaines personnes nous ont confirmé qu’il n’était pas rare de se blesser.)
Quoiqu’il en soit, je sais aussi que les couturières se piquent parfois, que les souffleurs de verre se brûlent et que la plupart des métiers manuels ont leur petits désagréments, ce qui n’empêche pas ceux qui les pratiquent d’aimer leur métier ! 🙂
J’espère bien visiter une usine d’horlogerie en effet. Je serai de toute façon amenée à retourner très vite dans le Jura suisse puisque nous cherchons activement (et désespérément… pas facile pour les français de louer en Suisse !) un studio pour la rentrée universitaire de notre fille à Neuchâtel !
Alors à bientôt ! 🙂