C’est à regret que j’ai refermé le magnifique roman de Marie-Aude Murail pour jeunes, ou grandes, filles : “Miss Charity”. J’ai eu beau flâner vers la fin, trouver des prétextes pour abandonner mon livre, il m’a quand même fallu arriver à la dernière page, et c’est alors avec tristesse que j’ai quitté Miss Tiddler, Charity de son prénom.
Charity vit en Angleterre, au 19ème siècle, et elle est encore une enfant au début de cette histoire, une enfant livrée à elle-même, et à sa bonne, car son père ne lui adresse jamais la parole et sa mère ne s’intéresse pas à elle.
Un jour, tombant malencontreusement sur une souris, elle la ramène dans sa chambre pour la soigner, et lui donne un nom. Ce sera Mlle Petitpas : c’est le début de sa passion pour les animaux, et plus encore, pour leur observation. Elle recueille un corbeau blessé, un hérisson, un lapin (Peter), à qui elle apprend des tours…
Plus tard, elle apprend l’aquarelle, et tout naturellement, se met à dessiner ses animaux, avant de se passionner pour l’observation des champignons.
Comme personne ne s’occupe d’elle, elle choisit seule ses lectures et apprend par coeur des pièces entières, de Shakespeare pour commencer, si bien qu’elle est regardée un peu bizarrement par ses cousines, dont elle est très différente.
Charity grandit, devient une jeune fille aussi “comme il faut” que possible, mais aime plus que tout la nature, et la maison où elle passe ses étés avec ses parents, dans la campagne du Kent.
Les animaux qu’elle possède font la joie des jeunes enfants qu’elle côtoie, et dont elle est très proche. Elle leur offre alors de charmantes aquarelles de ses petits amis, représentés dans des vêtements, et dans des situations cocasses… jusqu’au jour où quelqu’un lui suggère de mettre ces dessins bout à bout, pour raconter une histoire…
Si vous connaissez Béatrix Potter, vous n’aurez pas manqué comme moi de faire un rapprochement entre ces deux femmes. En lisant cette histoire, c’est d’autant plus évident que le roman est illustré par Philippe Dumas de tendres aquarelles qui vous rappelleront les héros animaliers de l’auteure britannique. En voici ci-dessous un aperçu, que je vous invite à lire par-dessus mon épaule, afin de découvrir un extrait montrant l’attachement entre Charity et un enfant, Edmund, ainsi qu’une des illustrations de Philippe Dumas. (Cliquez pour agrandir.)
Ce livre a été pour moi un enchantement, tant pour les personnages fantasques qui gravitent autour de Charity que pour l’ambiance et les décors très anglais (que j’adore ! 😛 ).
Les jeunes filles qui liront ce roman découvriront le destin d’une enfant décidée, l’éducation d’un siècle passé, et envieront sans doute à Charity son talent pour le dessin.
Leur maman leur emprunteront ensuite pour y découvrir, en plus d’une histoire romanesque, une belle description de l’Angleterre victorienne, et de ses us et coutumes, comme par exemple les étranges livres pour enfants en vigueur à l’époque, très moralisateurs et effrayants, qui n’avaient rien à voir avec ce que devint ensuite la littérature jeunesse.
En plus, les lectrices auront le plaisir d’y croiser, aux côtés de Miss Tiddler, les auteurs dont les pièces occupaient les salles de théâtre à cette époque, Oscar Wilde et Bernard Shaw.
Marie-Aude Murail m’avait fait éclater de rire avec “Le hollandais sans peine“. Après les longues heures de dépaysement et de rêverie qu’elle m’a offert avec “Miss Charity”, elle entre définitivement dans le groupe de mes auteurs jeunesse favoris ! 😛
Je recommande chaudement ce très beau roman à toute lectrice de plus de 12 ans. (Il fait quand même 563 pages !)
Titre : Miss Charity
Auteure : Marie-Aude Murail
Illustrations : Philippe Dumas
Editeur : L’école des loisirs
Collection Médium
Prix indicatif : 24,80€
Découvrez d’autres romans, pour petits et grands, dans la liste des livres que j’ai lus.
3 Comments
Lisa
Re-bonjour !
Ce livre me donne envie de l’acheter, même si ça peut vous paraitre bizarre qu’à mon âge je… hmmm… j’aime bien ce genre de livre et ce ”langage”, je compte bien le lire ! Les livres de ce genre (ainsi que Les Secrets de L’Intrépide – que j’avais commenté aussi -) me documentent sur comment était l’époque ; bah oui ! moi je n’y connais rien, je suis trop jeune pour avoir connu tout ça !
Lisa, 12 ans et demi.
Rachel
Tu sais Lisa, je suis exactement comme toi. J’ai toujours aimé lire des livres sur d’autres époques, ou d’autres pays, et j’y retenais beaucoup plus de choses que dans les cours d’histoire du collège ou du lycée !
NaÏla
Répondez moi plutôt en mail, ce sera plus simple !
En lisant votre article,je ne me suis concentrée uniquement sur le livre et pas du tout sur l’auteure. Bien plus tard dans la journée j’ai cherché la bande annonce d’une adaptation film d’un livre que j’ai adoré intitulé “Simple”.
L’auteur du livre “Simple” à également écrit “Miss Charity” ! Je compte bientôt lire Miss Charity…
Si vous êtes un peu sensible vous aimerez ce livre au point d’en verser quelque larmes. Il est génial. Voici un résumé :
Simple dit ” oh, oh, vilain mot ” quand Kléber, son frère, jure et peste. Il dit ” j’aime personne, ici ” quand il n’aime personne, ici. Il sait compter à toute vitesse : 7, 9, 12, B, mille, cent. Il joue avec des Playmobil, et les beaud’hommes cachés dans les téphélones, les réveils et les feux rouges. Il a trois ans et vingt-deux ans. Vingt-deux d’âge civil. Trois d’âge mental. Kléber, lui, est en terminale, il est très très courageux et très très fatigué de s’occuper de Simple. Simple a un autre ami que son frère. C’est Monsieur Pinpin, un lapin en peluche. Monsieur Pinpin est son allié, à la vie à la mort. Il va tuer Malicroix, l’institution pour débiles où le père de Simple a voulu l’enfermer, où Simple a failli mourir de chagrin. Monsieur Pinpin, dans ces cas-là, il pète la gueule. Rien n’est simple, non, dans la vie de Simple et Kléber. Mais le jour où Kléber a l’idée d’habiter en colocation avec des étudiants, trois garçons et une fille, pour sauver Simple de Malicroix, alors là, tout devient compliqué.
Voilà, s’ilvous plait lisez le et/ou parler moi par mail ! Merci beaucoup 🙂