Dans les coups de coeur de la médiathèque, j’ai choisi le mois dernier “La Reine des lectrices“, un livre de Alan Bennett, auteur britannique star dans son pays, tant pour ses romans que pour ses pièces de théâtre ou séries télévisées.

Le titre m’intriguait, et le résumé de l’éditeur m’a carrément décidée ! Je vous le recopie :

Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture ? Si, tout d’un coup, rien n’arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu’elle en vienne à négliger ses engagements royaux ?
C’est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les sœurs Brontë, Jean Genet et bien d’autres défilent sous l’œil implacable d’Elizabeth, cependant que le monde empesé so british de Buckingham Palace s’inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l’implacable protocole de la maison Windsor.

C’est en maître de l’humour décalé qu’Alan Bennett a concoté cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subersif de la lecture.

Quand j’ai regardé la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, j’ai souri en voyant la Reine car je n’ai pu m’empêcher de me demander si elle avait emmené un roman dans son petit sac. 🙂 Le livre est en effet si réel, il nous plonge tellement dans l’ambiance du palais, qu’on jurerait que l’histoire est vraie, et qu’on ne peut plus regarder Sa Majetsé avec le même oeil !

La Reine a donc découvert la lecture, par le hasard d’un bibliobus et de sa rencontre avec un valet de cuisine, et se trouve d’abord engagée malgré elle à lire, jusqu’à ce qu’elle attrape le virus.

Ce qui est particulièrement plaisant, c’est sa manière de choisir les auteurs, en rapport avec les endroits où elle se rend, ou avec les gens qu’elle rencontre. Elle m’a réellement donné envie envie de lire Proust (Franchirai-je le pas ? C’est une autre histoire…) et ses questionnements sur l’acte de lire renvoient à notre propre façon de lire.

Ce qui est étonnant par contre, c’est la réaction de son entourage et de ses fidèles, et il faut bien dire que le portrait des anglais brossé par Bennett n’est pas très flatteur en ce qui concerne leur culture littéraire !

J’ai beaucoup aimé le ton du roman, à la fois respectueux et humoristique, qui nous confirme l’image que l’on se fait de la Reine, bien ancrée dans son éducation, mais avec un humour tout en finesse. Un extrait :
Une fois que je commence un livre je le termine. C’est ainsi qu’on était élevé jadis: qu’il s’agisse des livres, des tartines beurrées ou de la purée de pommes de terre, il fallait toujours finir ce qu’il y avait dans son assiette. Ma philosophie n’a jamais varié sur ce point.

Ce livre entre sans hésitation dans la catégorie de mes coups de cœur et des livres que j’aurai envie de relire. (Et avant Proust, je vais commencer par trouver un autre Alan Bennett ! 😉 )

La Reine des lectrices – Alan Bennett
Éditions Denoël et D’ailleurs (ou chez Folio)