Voilà quelques semaines que je n’ai pas trié mes poésies, fort occupée par bricolages, sorties, ou occupations diverses… J’y remédie dès aujourd’hui en vous proposant un premier volet de poésies pour l’automne, plus précisément sur les fruits d’automne.

Des liens complémentaires vers deux autres recueils de poésies sur l’automne vous sont proposés en bas de celui-ci, sur les feuilles mortes et les couleurs d’automne, ou encore sur la pluie et le brouillard d’automne.

Comme pour les autres thèmes, j’ai tenté de classer ces poésies par ordre de difficulté, en commençant par les comptines pour les premières années de maternelle, pour continuer avec des poésies à proposer en grande section, CP ou CE1, puis quelques poésies faciles mais plus longues pour les CE. Les derniers poèmes, tous deux appelés La pomme, de Pierre Gamarra, puis Philippe Lebesque, conviendront plutôt aux CM du cycle 3.

Pêche, pomme, poire

Pêche, pomme, poire, abricot,
Y en a une, y en a une,
Pêche, pomme, poire, abricot,
Y en a un’ qui est en trop.
Qui s’appelle
Marie-Margot !

Un petit bonhomme

Un petit bonhomme
Assis sur une pomme
La pomme dégringole
Le petit bonhomme s’envole
Sur le toit de l’école.

Pomme et poire

Pomme et poire
Dans l’armoire

Fraise et noix
Dans le bois

Sucre et pain
Dans ma main

Plume et colle
Dans l’école

Et le faiseur de bêtises
Bien au chaud dans ma chemise.

Luc BÉRIMONT

Fruits d’automne

Je me suis bien régalé de fruits d’automne,
Je me suis bien régalé avec la pomme du pommier.
Je n’ai surtout pas mangé le gland du chêne,
Je n’ai surtout pas mangé le marron du marronnier.
Je me suis bien régalé de fruits d’automne,
Je me suis bien régalé avec la poire du poirier.
Je n’ai surtout pas mangé le gland du chêne,
Je n’ai surtout pas mangé le marron du marronnier.

Roland TOPOR

Le rouge-gorge

Le rouge-gorge est au verger ;
Ah ! qu’il est joli, le voleur ;
Il ne pèse pas plus que plume
Et le vent le balance à son gré
Comme une fleur ;
Ah ! qu’il est joli, le voleur de prunes.

Oiseau, bel oiseau d’automne,
Voici l’oseille qui rougit
Dans l’herbe,
Et la feuille du poirier jaune ;
Tout se couvre de pourpre et de vieil or superbe
Avant l’hiver gris.

Tristan KLINGSOR

Les trois noisettes

Trois noisettes dans le bois
Tout au bout d’une brindille
Dansaient la capucine vivement au vent
En virant ainsi que filles
De roi.

Un escargot vint à passer :
“Mon beau monsieur, emmenez-moi
Dans votre carrosse,
Je serai votre fiancée”
Disaient-elles toutes trois.

Mais le vieux sire sourd et fatigué,
Le sire aux quatre cornes sous les feuilles
Ne s’est point arrêté,
Et, c’est l’ogre de la forêt, je crois,
C’est le jeune ogre rouge, gourmand et fûté,
Monseigneur l’écureuil,
Qui les a croquées

Tristan KLINGSOR

La pomme et l’escargot

Il y avait une pomme
A la cime d’un pommier;
Un grand coup de vent d’automne
La fit tomber sur le pré !

Pomme, pomme,
T’es-tu fait mal ?
J’ai le menton en marmelade
Le nez fendu
Et l’oeil poché !

Elle tomba, quel dommage,
Sur un petit escargot
Qui s’en allait au village
Sa demeure sur le dos

Ah ! stupide créature
Gémit l’animal cornu
T’as défoncé ma toiture
Et me voici faible et nu.

Dans la pomme à demi blette
L’escargot, comme un gros ver
Rongea, creusa sa chambrette
Afin d’y passer l’hiver.

Ah ! mange-moi, dit la pomme,
puisque c’est là mon destin;
par testament je te nomme
héritier de mes pépins.

Tu les mettras dans la terre
Vers le mois de février,
Il en sortira, j’espère,
De jolis petits pommiers.

Charles VILDRAC

Petite pomme

La petite pomme s’ennuie
De n’être pas encore cueillie.
Les autres pommes sont parties,
Petite pomme est sans amie.

Comme il fait froid dans cet automne !
Les jours sont courts ! Il va pleuvoir.
Comme on a peur au verger noir
Quand on est seule et qu’on est pomme.

Je n’en puis plus viens me cueillir,
Tu viens me cueillir Isabelle ?
Comme c’est triste de vieillir
Quand on est pomme et qu’on est belle.

Prends-moi doucement dans ta main,
Mais fais-moi vivre une journée,
Bien au chaud sur ta cheminée
Et tu me mangeras demain.

Géo NORGE (1898 – 1990)

La pomme

Une pomme rubiconde
Se pavanait, proclamant
Qu’elle était le plus beau
de tous les fruits du monde,
Le plus tendre, le plus charmant,
Le plus sucré, le plus suave,
Ni la mangue, ni l’agave,
Le melon délicieux,
Ni l’ananas, ni l’orange,
Aucun des fruits que l’on mange
Sous l’un ou l’autre des cieux,
Ni la rouge sapotille,
La fraise, ni la myrtille
N’avait sa chair exquise et sa vive couleur.
On ne pourrait jamais lui trouver une soeur.
La brise répandait alentour son arôme
Et sa pourpre éclatait sur le feuillage vert.
– “Oui, c’est vrai, c’est bien vrai!”
dit un tout petit vers
Blotti dans le creux de la pomme.

Pierre GAMARRA (1919 – …) – “La Mandarine et le Mandarin” (1974)

La pomme

Bel automne
À moi tes pommes,
Qui sont rougeaudes comme joues de jeune vierge !
J’y veux mordre à pleines dents ;
J’y veux boire à pleines lèvres :
Bel automne,
À moi tes pommes
Pour le pressoir qui les attend !
J’en veux faire éclater la fine chair
Entre les mâchoires de fer ;
J’en veux tirer la liqueur blonde ;
À grand effort de vis et de levier,
J’en veux faire jaillir une source de songe !
Pour défier
L’ennui de l’hiver et des mois sombres,
Rien ne vaut une cave pleine et froment au grenier.

Bel automne
À moi tes pommes !
Aux glèbes fraîches,
Mon blé germe :
Qu’importe le passé ? J’ai semé l’avenir.
Les feuilles sèches,
Au gré du vent peuvent courir
Dans la brume des soirs ternes ;

Si j’ai du cidre
En mon cellier,
Il m’est permis d’oublier
L’angoisse même de vivre,
L’angoisse de marcher ployé,
Et d’être si peu, si peu libre !

Philéas LEBESQUE

Autres recueils de poésies sur l’automne :
Poèmes sur le temps d’automne : brouillard, pluie, vent
Poèmes sur les couleurs et les feuilles d’automne

Mais aussi d’autres thèmes, triés dans mon Dossier Poésies et Comptines.