Après avoir célébré le printemps dans la chanson française, voici un recueil de poésie pour débuter la saison avec de grands auteurs des siècles passés.

C’est donc à Victor Hugo, Alphonse de Lamartine et René Charles d’Orléans que je confie aujourd’hui le soin de vous raconter le printemps avec quatre de leurs poèmes. (Pour plus jeunes enfants, d’autres poèmes ici.)

Prêts ? Alors, à vos classiques ! 😀

Chanson des oiseaux (extrait)

[…]

Avril ouvre à deux battants
Le printemps;
L’été le suit, et déploie
Sur la terre un beau tapis
Fait d’épis,
D’herbes, de fleurs, et de joie.

Buvons, mangeons; becquetons
Les festons
De la ronce et de la vigne;
Le banquet dans la forêt
Est tout prêt;
Chaque branche nous fait signe.

Les pivoines sont en feu ;
Le ciel bleu
Allume cent fleurs écloses ;
Le printemps est pour nos yeux
Tout joyeux
Une fournaise de roses.

[…]

Hirondelle, fais ton nid.
Le granit
T’offre son ombre et ses lierres ;
Aux palais pour tes amours
Prends des tours,
Et de la paille aux chaumières.

Le nid que l’oiseau bâtit
Si petit
Est une chose profonde ;
L’oeuf ôté de la forêt
Manquerait
A l’équilibre du monde.

Victor HUGO (1802-1885) – La Fin de Satan (1885)

Le moulin de Milly (extrait – 1845)

Le chaume et la mousse
Verdissent le toit ;
La colombe y glousse,
L’hirondelle y boit ;
Le bras d’un platane
Et le lierre épais
Couvrent la cabane
D’une ombre de paix.

[…]

La rosée en pluie
Brille à tout rameau ;
Le rayon essuie
La poussière d’eau ;
Le vent, qui secoue
Les vergers flottants,
Fait de notre joue
Neiger le printemps.

[…]

L’onde qui s’élance,
Égale et sans fin,
Fait battre en cadence
Le pont du moulin;
A chaque mesure
On croit écouter
Sous cette nature
Un coeur palpiter.

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869) – ajouté à “Harmonies poétiques et religieuses” (1830)

Rondeau de printemps

Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent, d’orfèvrerie;
Chacun s’habille de nouveau.

René Charles D’ORLÉANS (1391-1465)

Spectacle rassurant

Tout est lumière, tout est joie,
L’araignée au pied diligent
Attache aux tulipes de soie
Ses rondes dentelles d’argent.

La frissonnante libellule
Mire les globes de ses yeux
Dans l’étang splendide où pullule
Tout un monde mystérieux !

La rose semble, rajeunie,
S’accoupler au bouton vermeil ;
L’oiseau chante plein d’harmonie
Dans les rameaux pleins de soleil.

Sa voix bénit le Dieu de l’âme
Qui, toujours visible au coeur pur,
Fait l’aube, paupière de flamme,
Pour le ciel, prunelle d’azur !

Sous les bois, où tout bruit s’émousse,
Le faon craintif joue en rêvant ;
Dans les verts écrins de la mousse
Luit le scarabée, or vivant.

La lune au jour est tiède et pâle
Comme un joyeux convalescent ;
Tendre, elle ouvre ses yeux d’opale
D’où la douceur du ciel descend !

La giroflée avec l’abeille
Folâtre en baisant le vieux mur ;
Le chaud sillon gaîment s’éveille,
Remué par le germe obscur.

Tout vit, et se pose avec grâce,
Le rayon sur le seuil ouvert,
L’ombre qui fuit sur l’eau qui passe,
Le ciel bleu sur le coteau vert !

La plaine brille, heureuse et pure ;
Le bois jase ; l’herbe fleurit. –
Homme ! ne crains rien ! la nature
Sait le grand secret, et sourit.

Victor HUGO (1802-1885)Les Rayons et les Ombres XVII

Tous les poèmes sont triés par thèmes dans mon dossier “poésies, comptines et chants”.
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