Dans mon calendrier de l’Avent aujourd’hui : une histoire de Noël (détournement de conte), à lire ou à dire à vos enfants.

Ginette et le Père Noël

Par un après-midi d’hiver, la petite Ginette Coquelicot aperçut un Père Noël qui distribuait des cartes de visite sur la place du village.
– Rendez-vous le soir de Noël, disait-il. Vous êtes tous invités à choisir vos cadeaux.
– Quel drôle de Père Noël avec sa barbe bleue, pensa Ginette, mais elle prit quand même une carte.

Le soir de Noël, il neigeait. Ginette se rendit à l’adresse indiquée sur le petit carton et tira la clochette. Le Père Noël l’accueillit à bras ouverts :
– Enfin, une petite visiteuse ! Vous n’êtes pas très nombreux à avoir pris mon rendez-vous au sérieux, s’écria-t-il. Entre vite te réchauffer, mon enfant, il y a déjà un invité dans le salon.

Dans la grande salle illuminée, le Père Noël présenta Ginette à Jeannot, et Jeannot à Ginette, puis sortit un énorme trousseau de clés de sa manche.
– Mes chers petits, leur dit-il, voici les clés des chambres où sont rangés les jouets. Vous pouvez vous servir et aller partout, sauf dans mon cabinet secret qu’ouvre cette ravissante petite clé bleue. Si je venais à apprendre que vous m’avez désobéi, ma fureur serait terrible. Vous voilà avertis. Maintenant, je vous laisse, j’ai une livraison à terminer. À tout à l’heure.
Et il disparut par la cheminée.

Jeannot et Ginette se mirent aussitôt à parcourir la maison du Père Noël. Derrière chaque porte s’entassait une telle quantité de jouets qu’ils n’arrivaient pas à en choisir un seul. Il y en avait trop. Après avoir fait le tour de toutes les chambres, les enfants arrivèrent enfin devant la porte interdite.
– Son cabinet secret doit être rempli de choses extraordinaires et merveilleuses, je meurs de curiosité, qu’en penses-tu ? demanda Ginette à son camarade.
– Je pense que tu vas nous attirer des ennuis, maugréa Jeannot, mais trop tard… La petite clé bleue tournait déjà dans sa serrure.

À peine la porte s’était-elle ouverte, qu’un pantin à ressort jaillit d’une boîte avec un lasso et les ficela comme deux saucissons. Ils virent alors arriver un petit lapin qui se lamentait :
– Malheureusement, vous êtes ici dans l’antre de Barbe Bleue qui se déguise en Père Noël pour attirer chez lui les enfants. Tous ceux qui entrent dans cette pièce sont transformés en marionnettes ou en jouets de peluche. Et moi qui espérait que vous alliez me délivrer !
– Je t’avais prévenue, dit Jeannot très fâché à Ginette, nous sommes fichus !
– Petit lapin, détache-nous au lieu de gémir, demanda Ginette, je vois des ciseaux sous la table.
– Je veux bien, répondit celui-ci, mais à quoi bon ? La porte et même les fenêtres sont fermées à double tour.
– Il doit bien y avoir une solution, s’exclama Ginette ennuyée, ne nous décourageons pas.
Une des petites souris qui avait assisté à la scène s’en mêla :
-Je pense aussi qu’il y a une solution mais montrez-nous d’abord ce qu’il y a dans vos poches, murmura-t-elle.
Ginette fouilla dans sa poche et en retira un vieux gâteau entamé.
– C’est mieux que rien, soupira la souris. Alors écoute : ce méchant barbu a essayé d’empoisonner une de nos soeurs avec du grain et il la croit morte. D’autre part, je sais qu’il a une peur bleue des fantômes car je l’ai entendu parler dans son sommeil. Voici ce qu’il faut faire si vous voulez être débarrassés de lui à jamais.
Et elle lui exposa son idée.
– Formidable ! décréta Ginette. Si nous réussissons, je vous donnerai la moitié de mon goûter pendant une semaine.

Ils avaient tout juste fini de se préparer lorsque Barbe Bleue arriva, enlevant son déguisement de Père Noël.
– Ah, je sens que je vais pouvoir ajouter deux jolies marionnettes à ma collection, et aussi un petit lapin en peluche, allons voir ce qui se passe dans le cabinet secret, marmonna-t-il.
– Attention, le voilà, chuchota Jeannot tremblant de peur.
– À vos postes, répondit Ginette, je suis prête.
Au moment où Barbe Bleue passait à coté du sapin où ils étaient cachés, une nuée de petites souris dégringola de l’arbre en le bombardant de boules multicolores, tandis que Ginette, déguisée en souris fantôme, surgissait de dessous les branches avec une voix lugubre :
– Barbe Bleue, l’heure de ma vengeance a sonné, je suis le fantôme de la souris et je viens te faire payer ton forfait !
Barbe Bleue eut si peur qu’il s’enfuit en hurlant. On n’entendit plus jamais parler de ses méfaits.

Quant à Jeannot, à Ginette et au petit lapin, ils rentrèrent vite chacun chez soi pour se coucher, et le lendemain, dans la cheminée, ils trouvèrent des vrais cadeaux apportés par un vrai Père Noël. Ginette tint sa promesse et pendant plus d’une semaine, elle partagea son goûter avec ses amies les souris.

FIN

L’histoire Ginette et le Père Noël a été écrite par Catherine Colomb et éditée par les éditions I.L.M. Paris en 1988 .

D’autres histoires de Noël : Les amis du Père NoëlLes bottes de Minimus