écoleIls sont nombreux à avoir écrit un poème sur l’école : Maurice Carême bien sûr, ou Jacques Prévert, mais encore Corinne Albaut, Jacques Charpentreau, ou Robert Gélis…

J’ai donc recueilli pour vous quelques poésies pour les maternelles, CP ou CE1, qui parlent d’école, de cartables, de crayons ou de dessins, ainsi que de plus longs poèmes sur l’école à proposer en classe du CE2 au CM2, par exemple l’École de Maurice Carême ou de Jacques Charpentreau, et Mon école de Pierre Gamarra.

Les écoliers trouveront ainsi leurs crayons plus drôles, leur cartable plus léger, et leurs leçons plus faciles à apprendre….

(Suivez le lien pour lire un second recueil de poèmes évoquant le jour de la rentrée des classes.)

Commençons par nous rendre à l’école…

TROIS ESCARGOTS

J’ai rencontré trois escargots
Qui s’en allaient cartable au dos
Et dans le pré trois limaçons
Qui disaient par cœur leur leçon.
Puis dans un champ, quatre lézards
Qui écrivaient un long devoir.

Où peut se trouver leur école ?
Au milieu des avoines folles ?
Et leur maître est-il ce corbeau
Que je vois dessiner là-haut
De belles lettres au tableau ?

Maurice CARÊME (1899-1978)

JE VAIS À L’ÉCOLE

Je vais à l’école
Comm’ un grand garçon.
Prenez ma parole,
Je sais mes leçons.

J’aime bien la classe,
C’est toujours trop court.
La semaine passe,
On dirait d’un jour.

Et quand le soir tombe,
Je suis dans mon lit.
Je revois en songe,
Tous mes bons amis

Qui dit écolier, dit aussi matériel… Parlons par exemple du cartable et des crayons.

LE CARTABLE RÊVEUR

Pendant que tu étais
Sur la plage, cet été,
Ou bien dans la forêt,
As tu imaginé
Que ton cartable rêvait ?
Il rêvait d’avaler
Des crayons, des cahiers,
Puis d’aller comme on vole,
Sur le chemin de l’école.

Carl NORAC (1960 – … )

LE CARTABLE D’ANNABELLE

Le cartable d’Annabelle
Aime les livres.
Il avale en cachette
Tous ceux de la bibliothèque.

Le cartable d’Annabelle
Se régale de fables,
D’albums colorés,
De romans policiers.

Il connait le nom des fleurs,
Des villes et des étoiles.
Il n’est jamais seul,
Il a beaucoup d’amis,
Les livres en sont remplis.

Hélène BENAIT

MON CARTABLE

Mon cartable a mille odeurs,
mon cartable sent la pomme,
le livre, l’encre, la gomme
et les crayons de couleurs.

Mon cartable sent l’orange,
le bison et le nougat,
il sent tout ce que l’on mange
Et ce qu’on ne mange pas.

La figue et la mandarine,
le papier d’argent ou d’or,
et la coquille marine,
les bateaux sortant du port.

Les cow-boys et les noisettes,
La craie et le caramel,
les confettis de la fête,
les billes remplies de ciel.

Les longs cheveux de ma mère
et les joues de mon papa,
les matins dans la lumière,
la rose et le chocolat.

Pierre GAMARRA (1919 – 2009)

CRAYONS DE COULEUR

Le vert pour les pommes et les prairies,
Le jaune pour le soleil et les canaris,
Le rouge pour les fraises et le feu,
Le noir pour la nuit et les corbeaux
Le gris pour les ânes et les nuages,
Le bleu pour la mer et le ciel
Et toutes les couleurs pour colorier
Le monde.

Chantal COULIOU (1961 – … )

LES CRAYONS

Mais à quoi jouent les crayons
pendant les récréations ?
Le rouge dessine une souris,
le vert un soleil,

Le bleu dessine un radis,
le gris une groseille.

Le noir, qui n’a pas d’idée,
fait des gros pâtés.

Voilà les jeux des crayons
pendant les récréations.

Corinne ALBAUT

À l’école, les enfants dessinent, imaginent, écrivent….

LES LETTRES ÉCOLIÈRES

Il y a A, B, C, D et le petit E
Qui ouvrent grand leurs yeux,

F, G, H, et I
Restent bien assis,

J, K, L, et M
En font de même.

N, O, P, Q, et R
Apprennent à se taire,

Mais de leur coté,
S, T, U, V et W
Ont le doigt levé,

Enfin, au tableau, X, Y et Z
Récitent sans aucune aide !

Christine FAYOLLE

LE DESSIN

Sur la page de mon cahier,
J’ai dessiné… devinez quoi !
Sur la page de mon cahier,
J’ai dessiné une fleur pour toi.

Le maître a souri
Et puis il a dit :
“Une fleur comme ça,
ça n’existe pas !”

Je n’ai pas répondu.
Il n’a pas bien vu ;
Elle existe, je le sais,
Puisqu’elle est dans mon cahier !

Gilbert DELEHEDE

L’ÉCOLIÈRE

Bon Dieu ! que de choses à faire !
Enlève tes souliers crottés,
Pends donc ton écharpe au vestiaire,
Lave tes mains pour le goûter,

Revois tes règles de grammaire,
Ton problème, est-il résolu ?
Et la carte de l’Angleterre,
Dis, quand la dessineras-tu ?

Aurai-je le temps de bercer
Un tout petit peu ma poupée,
De rêver, assise par terre,
Devant mes châteaux de nuées ?
Bon Dieu ! que de choses à faire !

Maurice CARÊME (1899 – 1978)

MON STYLO

Si mon stylo était magique,
Avec des mots en herbe,
J’écrirais des poèmes superbes,
Avec des mots en cage,
J’écrirais des poèmes sauvages.

Si mon stylo était artiste,
Avec les mots les plus bêtes,
J’écrirais des poèmes en fête,
Avec des mots de tous les jours,
J’écrirais des poèmes d’amour.

Mais mon stylo est un farceur
Qui n’en fait qu’à sa tête,
Et mes poèmes, sur mon cœur,
Font des pirouettes.

Robert GÉLIS (1938 – … )

PONCTUATIONS

– Ce n’est pas pour me vanter,
Disait la virgule,
Mais, sans mon jeu de pendule,
Les mots, tels des somnambules,
Ne feraient que se heurter.

– C’est possible, dit le point.
Mais je règne, moi,
Et les grandes majuscules
Se moquent toutes de toi
Et de ta queue minuscule.

– Ne soyez pas ridicules,
Dit le point-virgule,
On vous voit moins que la trace
De fourmis sur une glace.
Cessez vos conciliabules.
Ou, tous deux, je vous remplace !

Maurice CARÊME (1899 – 1978)

PAVANE DE LA VIRGULE

“Quant à moi !” dit la Virgule,
j’articule et je module ;
Minuscule, mais je régule
Les mots qui s’emportaient !

J’ai la forme d’une Péninsule ;
A mon signe la phrase bascule.
Avec grâce je granule
Le moindre petit opuscule.

Quant au Point !
Cette tête de mule
Qui se prétend mon cousin !

Voyez comme il se coagule,
On dirait une pustule,
Au mieux : un grain de sarrasin.

Andrée CHÉDID (1920 – … )

Pendant ce temps, d’autres élèves préfèrent rêver, ou prier…

LITANIE DES ÉCOLIERS

Saint-Anatole,
Que légers soient les jours d’école !
Saint Amalfait,
Ah ! Que nos devoirs soient bien faits !

Sainte Cordule,
N’oubliez ni point ni virgule.
Saint Nicodème,
Donnez-nous la clef des problèmes

Sainte Tirelire,
Que Grammaire nous fasse rire !
Saint-Siméon,
Allongez les récréations !

Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points.
Sainte Clémence,
Que viennent vite les vacances !
Sainte Marie,
Faites qu’elles soient infinies !

Maurice CARÊME (1899 – 1978)

LE CANCRE

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu’il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

Jacques PRÉVERT (1900 – 1977) – “Paroles”
(Retrouvez également “Page d’écriture” de Jacques Prévert ici.)

Voici à présent une petite poésie pour les derniers jours d’école…

SONT-ILS MALADES ?

Ma trousse, elle tousse !
Mes crayons sont moribonds !
Mes cahiers ne se sont pas réveillés !
Ma gomme est tombée dans les pommes !
Ma colle est devenue toute folle !
Et mes ciseaux sont zozos !

Sont-ils malades ?

Non, c’est la fin de l’année, ils sont tous fatigués !

Régis PONTFORT

Pour finir, voici encore trois poèmes pour tous ceux qui aiment, ou ont aimé, l’école.

L’ÉCOLE

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au dedans, c’était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.

On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.

Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.

Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que ne suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes !

Maurice CARÊME (1899 – 1978)

MON ÉCOLE

Mon école est pleine d’images,
Pleine de fleurs et d’animaux,
Mon école est pleine de mots
Que l’on voit s’échapper des pages,
Pleine d’avions, de paysages,
De trains qui glissent tout là-bas
Où nous attendent les visages
Des amis qu’on ne connaît pas.

Mon école est pleine de lettres,
Pleine de chiffres qui s’en vont
Grimper du plancher au plafond
Puis s’envolent par les fenêtres,
Pleine de jacinthes, d’œillets,
Pleine de haricots qu’on sème ;
Ils fleurissent chaque semaine
Dans un pot et dans nos cahiers.

Ma classe est pleine de problèmes
Gentils ou coquins quelquefois,
De chansons, de poèmes,
Dont on aime la jolie voix
Pleine de contes et de rêves,
Blancs ou rouges, jaunes ou verts,
De bateaux voguant sur la mer
Quand une brise les soulève.

Pierre GAMARRA (1919 – 2009)

L’ÉCOLE

Dans notre ville, il y a
Des tours, des maisons par milliers,
Du béton, des blocs, des quartiers,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans mon quartier, il y a
Des boulevards, des avenues,
Des places, des ronds-points, des rues
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans notre rue, il y a
Des autos, des gens qui s’affolent,
Un grand magasin, une école,
Et puis mon coeur, mon coeur qui bat
Tout bas.

Dans cette école, il y a
Des oiseaux chantant tout le jour
Dans les marronniers de la cour.
Mon coeur, mon coeur, mon coeur qui bat
Est là.

Jacques CHARPENTREAU (1928 – 1987)

O VIEILLE ÉCOLE

Au cœur de mon vieux village,
Il est un grand toit bleu et gris
Où viennent les tout-petits
Abriter leur compagnonnage:

Il y a là des bancs où je me suis assis,
Et sur les vitres où se penchent les feuillages,
L’ombre folâtre
Des songes que j’ai bâtis
Quand j’ai commencé, un peu ivre,
De mettre le nez dans les livres.

Au cœur de mon vieux village,
Il est un toit bleu et gris
Où s’en vont les tout-petits
Apprendre à déchiffrer l’univers page à page.

Ô vieille école solitaire,
Il me semble qu’un grand mystère
Habite en toi, dont chaque vitre au jour sourit
Et que de clairs oiseaux font palpiter leurs ailes
Entre tes murs, ainsi que dans un nid
D’où jailliraient des étincelles
Vers l’infini.

Philéas LEBESQUE (1859 – 1958)

Retrouvez, dans ce dossier, la liste de tous les thèmes qu’abordent mes articles poésies, comptines, et chants.

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