Après ma visite d’une entreprise de tissage de lin, près de Lille, j’ai poursuivi ce même jour de mi-juin ma découverte de la filière du lin en allant visiter le teillage Vanhersecke à Millam, près de Dunkerque, l’une de ces usines où la plante est traitée pour être ensuite expédiée aux filatures.

À côté de l’usine, un champ de lin encore vert laisse cependant deviner que la floraison est toute proche.

Suivra en juillet l’arrachage des tiges (bien trop fibreuses pour être coupées) à l’aide d’une machine qui les reposera ensuite au sol !

La plante de lin passe en effet l’été à se faire bronzer, d’un côté, puis de l’autre (le retournage se fait à l’aide d’une autre machine), comme les vacanciers sur la plage ! Cette phase, appelée rouissage, est suivie de la récolte, en septembre, lors de laquelle les tiges sont ramassées en rouleaux.

Tout au long de l’année s’ensuit alors le teillage, c’est-à-dire le traitement de ces rouleaux de lin, étalés sur une machine qui va enlever les capsules, casser les tiges, libérer le bois caché sous les fibres (les anas) à l’intérieur de la tige et trier les fibres courtes (les étoupes).

Les déchets alors produits ne sont pas considérés à proprement dit comme des déchets, puisque 100% de ce qui n’est pas utilisé en tant que fibre textile est utilisé autrement, pour le nourrissage ou le paillage d’animaux, ou pour participer à la fabrication de fibre à papier, papier cigarette ou dollars américains !

Après avoir été cassées, secouées, alignées, les tiges ne rendent en bout de chaîne que les fibres longues, pour lesquelles un dernier tri est nécessaire pour enlever notamment les fibres qui présentent des défauts de couleurs, après quoi, les longues mèches seront mises en ballots, prêts à partir pour les filatures.

Sentez-vous la bonne odeur d’herbe sèche qui flotte dans l’entrepôt ?

Pour en revenir à la culture du lin, signalons qu’elle a besoin d’un climat océanique tempéré, ce qui fait du nord de l’Europe un berceau idéal pour le développement de cette plante. Cette plante ne nécessite ni irrigation, ni pesticides, et elle a besoin de peu d’azote et d’engrais (5 fois moins que le coton).

En outre, son sol se nourrit des racines restées en terre qui la fertilisent, autant d’éléments qui font de la liniculture un modèle d’éco-culture respectueuse du développement durable. D’ailleurs, les coccinelles ne s’y trompent pas… 😀

En tant que consommateurs, quand on sait aussi que le lin donne une fibre absorbante et anallergique, à l’effet thermo-régulateur et qui plus est très résistante, on a en main tous les avantages que possède cette plante sur d’autres textiles beaucoup moins écologiques, à commencer par le coton, pour choisir en toute connaissance de cause…

L’industrie de l’automobile et les designers ne s’y trompent d’ailleurs pas non plus, convaincus par les performances et la solidité des fibres, supérieures à la fibre de verre, et proches de la fibre de carbone ! Vous n’avez donc pas fini d’entendre parler du lin ! 😀